l’écriture

Faut-il limiter la « surproduction » de livres ?

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surproduction de livres ?

Faut-il limiter la « surproduction » de livres ?

Il y a longtemps que je n’ai pas écrit d’articles et en lisant que Samantha Bailly préconisait de « limiter la surproduction de livres », je me suis dit qu’il y avait matière à en écrire un petit !

Le constat d’abord : il sort plus de 220 livres PAR JOUR ! C’est un chiffre colossal qui fait dire à certains qu’il y a « surproduction ».

Les conséquences sont nombreuses :

Les livres, hors best-sellers, font un petit tour de quelques semaines seulement en librairie car il faut laisser la place aux nouveaux arrivants.
La durée de vie d’un livre (à compte d’éditeur ) est bien raccourcie, donc ainsi que son tirage.
Le pilon (30% des livres) fonctionne à plein régime en attendant que la chaîne du livre se réforme et que l’impression à la demande soit la norme. 

Entre parenthèses, pas pour mes propres livres qui vieilliront avec moi et que tout le monde peut se procurer même si cela fait dix ans que je les ai écrits pour certains… (vous les avez à droite de cet article).

Paradoxalement, les auteur(e)s à compte d’éditeur (je précise bien) écrivent à marche forcée pour pouvoir vivre de leurs droits d’auteur(e)s (auteur(e) s jeunesse etc.). Il faut écrire et vite et toujours plus !

En fait, « surproduction », cela veut dire que l’on produit beaucoup de nouveaux livres parce que surproduction cela ne veut rien dire en soi (par rapport à quoi ?) Cela veut dire que, par rapport à il y a un certain nombre d’années, la production de nouveaux livres s’est beaucoup accrue.

Et puis, il y a tous ces auto-édité(e)s qui publient de plus en plus car maintenant, ce qui a changé, c’est que n’importe qui peut publier lui-même, gratuitement ou à très faible coût sa prose sans la validation d’un « éditeur ». (Je ne parle pas ici des « comptes d’auteur(e)s », bien sûr qui n’en sont pas).

Bref, l’écriture s’est complètement démocratisée :

elle n’est plus réservée à une élite lettrée et triée sur le volet suivant des critères allant de la notoriété, au réel talent ou au genre masculin.

Comme n’importe qui peut prendre un pinceau, peindre un tableau et le mettre en vente sur internet, n’importe qui  de la personne dyslexique à l’ado en troisième en passant par la technicienne de surface qui a arrêté ses études en cinquième et qui a du mal avec la grammaire et l’orthographe : tout le monde peut publier un livre.

Après effectivement, le fait d’être lu(e) est un autre problème…

Que penser de cet accès à toutes et à tous au fait de pouvoir proposer un livre, le sien, à la vente ou à la lecture sur des sites spécialisés ?

Et bien, j’en suis absolument RAVIE, la culture est le lieu où l’on s’humanise, où l’on se dit ou l’on se réalise, où l’on se sauve pour beaucoup !

Comment ne pas se réjouir que des jeunes de banlieue se mettent à écrire (alors que seul le « rap » leur était accessible) pour publier leurs livres, leurs mots…

Comment ne pas être heureux de voir cette octogénaire qui écrit sa vie pour que sa descendance ait une trace de son histoire ?

Les femmes, qui ont été et sont toujours discriminées dans le milieu du livre, peuvent écrire et publier ce qu’elles souhaitent sans que leur genre les limitent dans leur envie.

Il ne vient l’idée de personnes de dire :

il y a surproduction de sculptures, de pull fait mains, d’objets tournés en bois, de peintures à l’huile, de macramé ?

Aussi, dire « il faut réduire la production de livres » revient bel et bien à dire : nous voulons rester une élite « d’écrivains » et c’est pour moi extrêmement choquant. Peut-être que Samantha disait cela parce qu’elle se sentait pressurisée en devant « écrire, écrire, écrire…  » toujours plus pour s’en sortir financièrement. Dans ce sens-là, je le comprends très bien.

Dans ce cas-là, elle s’autoédite et fixe elle-même sa marge au lieu de dépendre d’éditeur(e)s qui effectivement lui demande de produire en ne lui donnant que des miettes. Personne ne l’oblige à se faire éditer en ne touchant que 8 ou 10 % avec, vu la production massive de livres, des tirages de plus en plus faibles (en moyenne 500 exemplaires).

Faut-il limiter la « surproduction » de livres ?

Non, vraiment, c’est GÉNIAL que les gens écrivent : tous les gens, les riches, les pauvres, ceux qui n’ont même pas le certificat d’études ou le BEPC et ceux qui ont un doctorat et qui publient leur thèse…

Vive l’écriture, vive les auteur(e)s et plutôt que de déplorer l’illisibilité de certains textes, soyons des lecteur(e)s constructif(e)s, exigeant(e)s et bienveillant(e)s. Plongeons avec délice dans cette caverne d’Ali Baba des livres proposés, lisons des extraits, commentons nos lectures, parlons-en avec d’autres lectrices et lecteurs.

Combien j’ai été surprise que des textes, un peu écrits en « langage parlé », avec des fautes, sans du tout de valeur « littéraire » ni forcément du point de vue de l’intrigue, plaisent à certain(e)s ! Les goûts et les couleurs… Gardons-nous de nos jugements qui ne sont que les nôtres, en fait… Sur nos critères à nous qui ne sont pas ceux des autres…

De l’ubérisation de l’écriture…

Travail, Bourreau De Travail, Écrivain
l’ubérisation de l’écriture


De « l’ubérisation » de l’écriture…

Nous sommes à l’ère de l’individualisation, l’individu des pays riches cherche à « s’accomplir » , à « se réaliser » plutôt qu’à suivre des modèles « préformatés » ou des idéologies fournies. Evidemment, en demeurant bien prisonnier(e) quand même de facteurs dont il ou elle n’est souvent pas conscient(e). Mais cela est un autre débat, intéressons-nous aujourd’hui à l’écriture.
Aujourd’hui femmes et hommes écrivent, heureusement !  Ce qui n’était pas le cas il a quelque deux cents ans : rappelons-nous « George Sand » qui publie sous ce pseudo masculin pour pouvoir le faire !
Si, en 2017 les femmes constatent toujours dans les concours littéraires ou de BD que leurs écrits n’ont pas la même « valeur » que ceux des hommes, elles le voient aussi dans les salons où les personnes vont plus volontiers au stand d’UN auteur ou dans certaines  réflexions récemment mises en lumière par des auteures qui les partagent sur twitter..
Genre : « vos livres sont vraiment bons, je pensais que vous étiez un homme » ! « vous n’avez pas mieux à faire, vous occupez de votre mari et de vos enfants par exemple ! »
Cela est un autre débat aussi  mais dont il faut être conscient(e).

Chronologie des solutions pour éditer un livre :

Il y a de cela quelques années, pour « fabriquer » un livre, un(e) auteur(e) devait impérativement trouver un éditeur sans lequel rien n’était possible. Il y avait la solution de payer plusieurs milliers d’euros pour qu’un commerçant sans scrupule se disant « éditeur » (le fameux « compte d’auteur ») vous vende quelques centaines de « livres » (non-corrigés et non-diffusés)  qui restaient pour la plupart sur les bras de l’apprenti(e) écrivain(e). Quelques rares personnes se lançaient dans l’édition de leur livre par elles-mêmes en trouvant un imprimeur, en envoyant leur livre à la BNF, en demandant un ISBN… Mais ce n’était pas courant.
Ces trois solutions existent toujours, mais de moins en moins de personnes se font prendre par le « compte d’auteur(e) » ayant accès aux informations et aux mises en garde sur internet. Pour l’édition traditionnelle, il faut toujours, soit avoir une « recommandation », être connu(e), soit faire partie du pourcentage infime (moins de 1 pour 1000 ) des auteur(e)s inconnu(e)s retenu(e)s par les grandes maisons. Les petites maisons d’éditions sont plus accessibles mais ont de grosses difficultés pour assurer une diffusion suffisante et beaucoup n’arrivent pas à survivre.
Avec l’arrivée d’internet « pour tous », des versions numériques des livres et des firmes d’impressions à la demande, tout a changé. Ainsi, de plus en plus de personnes ont accès à la publication sans passer par la case « éditeur(e) traditionnel(le) ». Il est à la portée de n’importe qui de publier son « e-book » ou son livre papier sans dépenser un sou.

Ubérisation de l’écriture :

On assiste à une « ubérisation » dans bien des secteurs, pour l’écriture c’est vraiment la tendance. Au point que les éditeur(e)s traditionnel(le)s font leurs marchés dans le « top 100 » d’Amazon et proposent à des autoédités de les rejoindre. Le monde à l’envers…
Faut-il s’en réjouir ? Sûrement, l’accès à l’écriture (comme à toutes les formes d’art ou de culture) est le chemin le plus sûr vers une humanisation qui prévient la violence et développe la créativité qui fait grandir et accomplit.
Des auteur(e)s apprécié(e)s par de nombreux lecteur(e)s  refusent de signer chez des éditeur(e)s traditionnel(le)s. Ils ou elles trouvent plus d’avantages à rester maitre de leurs droits. Ils crée leur propre « entreprise d’écriture ». Il n’y a donc plus de monopole de l’édition traditionnelle.
Certains se disent « indés » mais cela reste un jargon entre auteur(e)s pour être plus largement compris par tous se dire « auteur(e)s autoédité(e)s' » semble plus facile.

D’autres, ayant toujours ce rêve tenace et inassouvi d’être édité(e) par l’édition traditionnel(le) , le réalisent tout en continuant à faire de l’auto-édition. Dans leur jargon, ils s’appellent « hybrides ».
Beaucoup, en fonction des relations avec les éditeur(e)s soit abandonnent rapidement l’édition traditionnelle pour rester indépendant(e)s, soit l’inverse.
Le revers de la médaille de ce foisonnement littéraire est bien sûr pour le lecteur(e) de devoir choisir avec soin ses lectures. Car s’autoéditer ne veut pas dire savoir le faire ! Il y a beaucoup de livres qui demeurent complètement illisibles (présentation, orthographe, style, intérêt). Par contre, de « vrai(e)s auteur(e)s » intéressant(e)s et au style original ou passionnant émergent réellement.
Quelle suite pour l’écriture et le livre ? les « machines de fabrication à la demande » de livres vont sûrement révolutionner ce marché dans les années qui viennent. Ceci sera l’occasion d’un autre article 🙂 ! De même, je ferai un autre billet pour aborder l’aspect financier pour l’auteur(e) indépendant(e), à bientôt !

 

Comment les auteurs choisissent-ils le style et le genre de leurs écrits ?

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comment choisir le style et le genre de son livre 

Voici avec un peu de retard l’article promis 🙂 !
 
Chaque auteur a un style et un genre particulier. Sauf, bien sûr, les écrivain(e)s qui à l’image des faussaires de tableaux  écrivent « à la manière de « , cela peut aussi exister.
Nous enlèverons également la catégorie d’auteur(e)s qui veulent écrire uniquement dans un but commercial et qui s’efforcent de copier un style et un genre qui a fait un carton en librairie, ou encore les plagiaires.
 
Nous parlons ici des auteur(e)s qui se lancent, seul(e)s à l’assaut de la page blanche… tels de valeureux héros ou héroïnes…  Je vous l’accorde c’est périlleux 🙂 mais ô combien intéressant 🙂 !
 
Le Style :
 
Un auteur(e) écrit avec ce qu’il ou elle est d’abord.
 
Ce qui implique que le style va en général refléter la manière d’être de la personne dans son être profond, ce qui peut être caché pour les autres en la voyant vivre. C’est sa manière de penser qui s’exprime dans l’écriture : claire, concise ou volubile et foisonnante…
 
Bien sûr, l’auteur(e) connaît ses défauts d’écriture et les travaille  mais il n’en demeure pas moins qu’ il ou elle ne peut pas se renier lui-même. Quelqu’un qui a l’habitude de faire des phrases longues ne pourra pas se corriger tout le temps et d’ailleurs cela serait bien dommage. Quelqu’un qui aime observer les choses dans les détails fera des descriptions précises ou complètes, un autre qui vit à 100 à l’heure négligera cet aspect en privilégiant l’action.
 
Le style est ce que l’auteur(e) a de plus personnel, ce que l’on ne peut pas lui enlever. On reconnaît du Prévert ou du Proust sans problème. Pour des auteurs moins connu(e)s,  une personne de l’entourage de l’auteur(e) reconnaît son « style ». Elle dira : « Ah oui, c’est bien elle ! ». C’est subtile, des manières de s’exprimer, un humour particulier quelquefois, des tournures de phrases, des adjectifs qu’elle aime employer….
 
Un ou une auteur(e), c’est d’abord un style, inimitable et personnel comme les empreintes digitales…
Mais pour cela, la personne a besoin d’une certaine maturité. Les influences multiples dont se nourrit le style de l’auteur(e) restent à l’état de traces, fugaces mais transparait ce qu’il ou elle a fait de ses lectures, de ses expériences, de sa vie…
 
« je n’aime pas son style » ou « j’adore son style » : souvent le lecteur se découvre une proximité de caractère ou d’intérêts avec la manière d’écrire de l’auteur(e). Cela « lui parle ». Et pourtant, en lisant la biographie de son auteur(e) préféré(e) il ou elle pourra être déçu(e) par ce qu’il découvre. L’écrivain(e) qui l’a tend inspiré(e), fait rêver dont il ou elle pensait être si proche n’est pas celui ou celle qu’il ou elle attendait… Quel mystère que l’écriture qui peut transcender les personnalités à ce point !

Pour conclure sur le style : on ne le choisit pas, il s’impose à nous. Nous pouvons juste essayer de le faire évoluer dans le sens qui nous parait le plus beau… Mais le mieux n’est-il pas de l’accepter, comme on finit par s’accepter soi-même en devenant de plus en plus sage ? Il ne plaira pas à tous, c’est certain mais tant pis… Il sera unique et pour celles ou ceux qui l’aimeront, il sera celui qu’il ou elle attendait…

En tant qu’auteur(e) moi-même, je suis extrêmement touché(e)  lorsque un ou une lectrice me témoigne combien mon style lui plait, alors même que je ne suis souvent insatisfaite de ce dernier…
 
 
Le Genre :
 
On dit que le premier ouvrage est celui dans lequel il ou elle  met le plus de lui-même… Auteurs qui me lisez avez-vous cette impression ?

Le genre que l’on choisit est souvent celui qui nous attire le plus dans nos lectures ou nos intérêts. Ou bien, pour le cas des biographies, on a envie de transmettre ou d’éclaircir sa vie en la « mettant en forme »  dans un livre.

On aime l’histoire, on se lancera dans les romans historiques. On est passionné par les histoires romantiques, on se tournera naturellement vers ce genre etc.

Certain(e)s auteur(e)s (comme moi, pour mon livre In manus tuas Domine…)  se lancent dans l’écriture d’un ouvrage mêlant plusieurs genres qu’il ou elle n’ont pas encore trouvé encore en librairie. En fait, il ou elle invente le livre qu’il ou elle aurait aimé lire mais qui n’existe pas. Je connais plusieurs auteur(e)s qui m’ont témoigné cette même démarche. Ce sont des lecteurs qui sont passés de l’autre côté de la barrière pour le plaisir de lire quelque chose dont il ou elle avait envie… On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même… Et en plus, on en fait profiter les autres 🙂 !

Peut-on écrire dans plusieurs genres ? Bien sûr,  nos intérêts et nos passions sont multiples, il y a donc des auteurs qui explorent différents genres d’écriture et qui passent de l’un à l’autre avec bonheur. Mais je pense quand même qu’on a un genre préféré, avec lequel on se sent le plus à l’aise. Qu’en pensez-vous, auteur(e)s qui lisez cet article ?

Il arrive que l’on écrive dans un genre que l’on ne lit jamais ou presque. On n’a pas besoin de se nourrir d’autres lectures, on l’a comme « en soi ».

Pour conclure sur le genre de son livre, je ne peux qu’encourager les futur(e)s auteur(e)s qui me liront à se lancer dans ce qu’ils ou elles aiment vraiment et non à tendre vers « ce qui est le plus lu ». Ecrire c’est vivre et l’on ne peut pas vivre la vie de quelqu’un d’autre…

PS : difficile de lire quelquefois quand je mets des « il ou elle » plutôt que le masculin. Mais je connais tellement d’auteur(e)s des deux sexes que je ne peux me résigner à employer uniquement le féminin ou le masculin..