Mes Recensions de Livres BoD : Katzen de Marc Anstett
KATZEN de Marc Anstett
KATZEN cela veut dire « Chats » en Allemand mais, rassurez-vous, Marc Anstett a bien écrit le livre en français !
La couverture est extrêmement sobre, toute blanche avec le titre en gris clair. Katzen a été publié chez BoD en avril 2016 au format poche, il compte 176 pages et coûte 14 euros.
Ce petit roman est très original, nous allons y venir… Mais pour le lire il va falloir faire le chat : rester bien sage, tranquille sans avoir envie de courir après une balle ou de jouer avec le vent… Non, vous installer, vous lover dans votre fauteuil préféré et ne plus en bouger…
Car l’originalité première de Katzen c’est que vous allez rester pratiquement pendant tout le roman dans un espace très limité : la maison. Vous irez jusqu’à l’appentis et la boîte aux lettres, c’est promis ! mais pas plus loin. Vous êtes à la frontière allemande, côté français dans un village perdu en compagnie d’un grand et vieux monsieur nommé Balthazar qui vit seul.
Alors que l’on enseigne aux écrivains en herbe qu’il faut maintenant un rebondissement à chaque page pour que le lecteur ou la lectrice reste accroché (e) à votre livre, Marc Anstett fait l’inverse… Une sorte de scène de théâtre où le personnage est seul et où il digresse à l’envi. Ce roman, c’est l’art de la digression en 170 pages. Ce n’est même pas une action au ralenti, non c’est un monologue intérieur. Au début, on s’attend à ce que l’histoire, enfin l’action se déroule rapidement : on l’attend mais, bien vite, on fait le chat car ce livre, c’est autre chose… On va découvrir la personnalité très improbable du héros, Balthazar qui vit reclusdans sa maison avec pour seule compagnie trois chats.
On va sauter de sa vie à lui, que l’on découvre au fur et à mesure, au récit d’événements sociaux et politiques en passant par des scènes complètement théâtrales où l’on voit littéralement le personnage effectué des mouvements, comme un ralenti.
Si vous aimez l’action rapide, Katzen n’est pas pour vous, vous allez piaffer à chaque page 🙂 ! Si vous abordez cette lecture en voulant savourer chaque page pour ce qu’elle est sans attendre autre chose, ce livre est fait pour vous.
Une petite réserve pour moi cependant sur le mélange des champs littéraires : on passe d’un récit historique à une scène de théâtre puis à un monologue psycho-philosophique ou familier avec une action réelle. Un manque d’harmonie même si c’est un tour de force d’écrire 170 pages comme cela et quand même dans un style tout à fait lisible.
Notons que sur la partie historique, Marc Anstett est très documenté, sur la partie théâtrale, les scènes sont réussies, et l’intrigue (car il y en a une bien sûr même si elle s’étire à l’infini) est bien choisie : mais fallait-il ce mélange un peu détonnant parfois ?
Ce qui m’a amusé c’est le nombre incroyable d’expressions du langage courant, genre : « mieux vaut être sourd que d’entre ça » (p. 15) « motus et bouche cousue » (p. 75) etc.. On a une expression qui concentre un langage familier, qui fait retrouver ces expressions populaires ou familières qui ne sont pour certaines plus trop usités. Les registres lexicaux sont très divers par ailleurs, accentuant le mélange décrit dans le paragraphe précédent.
Faut-il lire Katzen ?Assurément parce que ce petit ouvrage est incroyablement riche même si très hétéroclite, c’est ce qui fait son charme et son originalité. Chacun y trouvera son miel dans les registres qu’il ou elle aime.