séance de dédicaces |
Appréciés par certain(e)s, honnis par d’autres, les séances de dédicaces que ce soit en salons du livre ou dans des commerces (librairies, grandes surfaces..) ne laissent aucun auteur(e) indifférent(e).
Alors faire des séances de dédicaces ou pas ?
Dans cet article, nous allons faire un point sur cette manière de faire connaître ses livres et de les vendre. Si vous avez envie de compléter ce qui est dit ou d’apporter votre témoignage, n’hésitez pas à le faire en laissant des commentaires.
De l’écriture à la rencontre avec ses futur(e)s lectrices ou lecteurs…
là, je mets au féminin en premier car c’est souvent les femmes qui achètent et lisent 🙂 Après, tout dépend du genre et de l’âge, bien sûr.
L’activité de l’écrivain(e) ou de l’auteur(e) est plutôt solitaire : elle demande une introspection, une plongée dans l’imaginaire, elle est essentiellement personnelle.
La vente de ses ouvrages en salons, librairies ou grandes surfaces plongent l’auteur(e) dans la rencontre, dans l’échange qu’il ou elle doit provoquer. C’est un exercice totalement différent de celui d’écrire : Pour certain(e)s auteur(e)s , c’est même antinomique.
Assis derrière une petite table où sont présentés ses ouvrages, l’auteur(e), livré(e) aux regards de tous les passants, coincé(e), attend… 🙂 ! Quel est l’auteur(e) qui peut dire qu’il ou elle est totalement à l’aise dans ce genre de situation ?
Souvent il ou elle attend beaucoup, longtemps.. des heures même…. Alors certain(e)s lisent, écrivent, consultent leur téléphone portable…
D’autres, le regard mobile, guettent, tout souriants, le futur(e) lecteur(ice) qui osera s’approcher de la table.
D’autres désertent, allant explorer les rayonnages ou les autres stands.
La séance de dédicace est un exercice de style difficile et son résultat est aléatoire. (à part si l’on est très connu évidemment).
Les Salons du livre :
Il y a les « grands » salons, le salon du livre de Paris par exemple. Nous ne parlerons pas de ces manifestations payantes qui ne correspondent qu’aux auteurs ayant pignon sur rue.
Les Salons du livre accessibles à tous (et non réservés d’année en année aux mêmes auteurs connus) sont organisés par les municipalités, les médiathèques, les associations…
Souvent, ils ont lieu dans la salle polyvalente de la commune ou plus rarement en plein air au cœur de la cité.
Ce que l’auteur(e) doit vraiment intégrer avant de se lancer, c’est que la lecture (même si pour elle ou lui, c’est un passe-temps indispensable) est une activité peu pratiqué(e) par ses concitoyens.
Vous trouverez sur internet de nombreux sondages pour préciser cette affirmation. Il y a toujours de gros lecteurs mais 7 français sur 10 lisent moins d’un livre par an…! Sinon, pour les lecteurs, ils lisent en moyenne 11 livres par an.
Ce qui veut dire que même si les organisateurs des salons font en général le maximum avec leurs moyens pour faire connaître la manifestation, il se peut qu’il n’y ait vraiment pas foule… Les amis des auteur(e)s, les organisateurs et un petit nombre de personnes vraiment motivées par la lecture. De plus, lors des week-end, il y a généralement plusieurs évènements dans la même ville (compétition sportive, concert, marchés…) : Bref, s’il existe quand même des salons très fréquentés, d’autres seront plus déserts. Il faut le savoir pour ne pas être trop déçu(e). Il est toujours enrichissant d’ailleurs de faire connaissance avec ses pairs en attendant le chaland….
Entre l’auteur(e) qui reste passif(e) derrière sa table et celui qui force honteusement la vente en mettant systématiquement un de ses livres entre les mains de la personne qui passe et en ne la lâchant que lorsqu’elle a sorti ses billets, il y a un monde. Je n’ai d’ailleurs rencontré qu’un seul auteur dans ce cas, heureusement. Il faisait honte à la profession et les organisateurs étaient bien désolés de l’avoir invité. Le cas le plus courant est quand même celui de l’auteur(e) timide 🙂 !
Les dédicaces en grandes surfaces spécialisé(e)s :
Bon, je ne les citerai pas mais vous les connaissez tous. Dans les grandes villes, il faut souvent attendre plusieurs mois, voir plus d’un an pour avoir une place un vendredi ou un samedi. C’est en général bien organisé et il y a des clients. Après, tout l’art est de pouvoir et de savoir intéresser ces clients (venus pour autre chose) à votre littérature…
Un auteur(e) n’est pas (à de rares exceptions) un(e) commercial(e). Souvent il ou elle use de subterfuges pour que l’on vienne à elle ou à lui. Regardez Amélie Nothomb qui se met un chapeau Gibus, comme si elle était au cirque. Bon, elle n’a pas à s’inquiéter pour ses ventes mais c’est un message inconscient pour dire « je suis en représentation » ce n’est pas vraiment « moi ».
Il y a le saladier de bonbons qui attirent les bambins et donc les parents… Bref, établir le contact n’est pas chose aisé. Ensuite, il faut avoir un discours rapide (on ne va pas coincer des personnes 30 mn) pour donner envie de lire son livre tout en s’intéressant à la personne qui a eu l’amabilité de s’arrêter devant votre stand. On comprend que la notoriété (même régionale) est essentielle pour que les ventes décollent. Les couvertures des livres sont aussi un point important.
Les Dédicaces en librairies :
Il y a là, en plus, la relation avec le ou la libraire qui intervient et c’est souvent très enrichissant de part et d’autre. Après, si vous dédicacez dans une grande librairie qui a pignon sur rue, vous aurez plus de monde que dans la librairie de quartier ou malheureusement les clients peuvent ne pas se bousculer.
Alors faire des dédicaces ou pas ? : j’ai connu plus d’un auteur(e) qui s’était découragé(e) d’être resté(e) une journée entière dans un magasin ou un salon en ayant vendu que 1 ou 2 livres, quand ce n’est pas zéro… L’essence pour venir, les frais d’hébergements quelquefois… l’affaire s’est révélée bien peu rentable.
Quelques conseils donc :
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Commencer par les salons et libraires /grandes surfaces près de chez vous afin de ne pas investir trop à perte.
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N’ayez pas peur de vous tenir debout à côté de votre stand, d’avoir un rapport d’égal à égal avec le client et surtout ayez de l’humour ( avec mesure et à bon escient) et soyez souriant ! sinon personne ne viendra vers vous.
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Mettez-vous à la place du client : il ou elle a besoin d’être reconnu dans ses goûts de lectures ou dans ce qu’elle ou il cherche, avant qu’on lui assène un discours bien rodé sur son livre.
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Soyez-vous vous-même, parlez de vos livres avec ce que vous êtes, n’essayez pas de servir un discours réputé « vendeur ». C’est dans la relation humaine, chaleureuse et authentique que vous donnerez envie à vos clients d’acheter votre prose.
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Ayez toujours des petits signets ou cartes de visite à donner.
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Si vous êtes vraiment trop timide ou que vous n’aimez pas les rencontres avec des personnes inconnues, ne vous forcez pas (même si votre éditeur vous y contraint) : vous avez le droit d’écrire, d’être auteur(e) et de ne pas avoir envie de faire de dédicaces !
En terminant, je peux souligner combien pour moi, il a été enrichissant de connaître d’autres auteurs dans des salons : échange d’expériences, amitiés crées… En ce qui concerne les personnes venues acheter mes livres, cela a été un plaisir de les rencontrer, même brièvement. On se rend compte combien un de nos livres a pu donner du plaisir et un écho personnel chez quelqu’un de totalement inconnu, c’est magique ! Et il faut en terminant remercier tous les organisateurs de ces manifestations (libraires, bibliothécaires etc…) qui permettent au livre d’exister et de vivre.
Oui !Mille fois oui… Des rencontres, mais parfois une grande déception quant aux retombées "commerciales". Bel article instructif pour les auteurs qui se posent la question… Le saladier, les bonbons : on peut toujours les becqueter si on s'ennuie ferme !
Merci Pascale Madeleine pour ta réaction rapide sur cet article. Je vois que l'on a un peu le même avis… grâce à tes expériences. Bon, pour les bonbons tu as raison 🙂 ! enfin, attention à nos "lignes" d'auteur(e)s 🙂 !
Je n'ai encore pratiqué la "dédicace" qu'une unique fois, et c'était à mon travail ! :)J'étais dans le passage, entre l'entrée du bâtiment (un peu en retrait) et l'escalier menant à la cantine. C'était entre 12 et 14.C'était amusant, mais franchement intimidant ! Et ce malgré le soutien de mes quelques collègues proches qui m'ont rendu de petites visites.Mais j'ai vraiment envie de renouveler l'expérience, cela dit.
Merci Pascal pour ce partage d'expérience. Vous allez voir, vous allez prendre de l'assurance et le goût d'aller au devant de vos futur(e)s lecteurs. C'est en forgeant … 🙂 ! tous mes encouragements pour la suite !